L'imagination active (un exemple)

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Jo, un exemple d'imagination active


    Jo a le don pour discerner ce qui est caché dans la parole d'autrui et d'y apporter sa lumière. Il a appris à interprèter ses rêves et il a fait une cure de rêve éveillé qui lui a révélé ce don. Il a essayé de le mettre au service des autres sans grand succès.
   A présent, il a le sentiment d'être dans une impasse. La femme avec laquelle il partageait une aventure intérieure commune l'a quitté.
   Il a essayé des façons de vivre différentes et aucune ne lui a apporté de véritable satisfaction. Il décide de ne plus rien tenter tant qu'il n'aura pas une réponse claire et sensée de son inconscient sur l'orientation à donner à sa vie.

Imagination active
   Jo est allongé tranquillement, calé par des oreillers, un cahier et un crayon, prêt à noter.Il laisse venir les images comme on laisse venir en rêve éveillé. Il dit :
    Je suis chez mes parents dans le jardin qui borde la maison, un phallus blanc et une fleur de liseron en laiton. C'est une scène déjà vue il y a une quinzaine d'années qui a montré la disparition du phallus dans le liseron fauché par la corolle métallique et coupante de celui-ci. La scène mettait à jour mon complexe maternel de castration. 
    Me retrouver chez mes parents m'ennuie. J'ai une épée en main et tente de tout casser. Ca ne marche pas. Une sorcière m'emmène dans les airs visiter les galaxies. Le spectacle est grandiose mais déjà vu. Ennui. Ensuite elle revient dans le jardin des parents.
    J'ai le sentiment de me faire balader par une âme négative (la sorcière). C'est elle qui me suggère de jolis projets à chaque fois que je m'ennuie. Je sens que mes projets sont entachés d'illégitimité. D'ailleurs aucun n'aboutit vraiment à une paix de l'âme, ce que je recherche.
  Fuir le jardin des parents n'est pas possible, tout casser non-plus. Reste à endurer. Des crispations dans les membres surviennent. La sorcière se transforme en la Mort, sentiment d'ennui ."Tu m'ennuies la Mort, vas-t'en !"
    Ecrire lentement sur le cahier: L'ENNUI. Très lentement afin de bien le ressentir l'ennui. Il vient tout doucement, la main se crisque au dessin des lettres...
    
    L'écriture lente de lettres contournées, en obligeant une concentration sur le geste, abaisse le niveau mental pour permettre l'expression de l'insconscient. Ne pas penser au mot prévu d'écrire mais laisser un esprit fantaisiste décider de la prochaine lettre à écrire, puis laisser se faire  les associations les plus fantasques de mots et de syllabes. On verra après le sens qui s'en dégage.

    ...Puis la crispation livre son secret. Dépasser la crispation ouvre d'un coup sur une formiable sensation de vie nouvelle, jamais vécue auparavant et bougrement intéressante, une manière d'être spontanée et vivifiante. C'est L'Ange, celui des Dialogues, la fonction trancendante de Jung, la fonction Ange de Gitta Mallasz que Bernard Montaud tente de développer comme nouvelle fonction de l'humanité.
    L'entrevue est brève. Le secret dévoilé mais l'émotion n'est pas durable. La certitude entevue n'est pas assez efficiente et la fenêtre se referme. L'épaisseur de ma matière corporelle et psychique a été touchée mais pas traversée. Cependant il reste une manière de faire quand l'ennui me prendra de nouveau : l'appel à l'ange, à l'intuition qui me proposera un acte libérateur à poser. 

lucrèce borgia

 

   La nuit qui suit ce rêve éveillé transcrit et les scènes dessinées sur le cahier, un rêve survient dans lequel il intérroge une femme en lui disant : "Qui es-tu ? " Elle répond: "Je suis Lucrèce Borgia, la femme de ton père".
    L'étude de la vie de Lucrèce Borgia et de la pièce de Victor Hugo ne permet pas de dégager un sens suffisant pour l'instant. Est-elle la femme incestueuse et corrompue de la pièce et du mythe ou bien la femme empêchée, instrument de pouvoir entre les mains de son père et de son frère, femme cultivée amie des artistes et des intellectuels de Ferrare comme les historiens le montrent ?
    Cependant, ce rêve montre que c'est du côté du père qu'il faut chercher le sens.

    
    


lucrèce borgia


    Je me retrouve dans un lit d'hôpital des années cinquante. J'ai des douleurs intolérables dans les jambes. Des impatiences comme de l'électricité dans les jambes, dans les bras et autour du cou. La Mort est à mon chevet. Je l'embrasse, c'est froid et sec, mais au moins, je ressens quelque chose et mes impatiences disparaissent.
     
  Suite à cette scène, Jo raconte un stage de remémoration du passé dans lequel il avait réussi à dépasser ses impatiences et découvert un engourdissement progressif de ses membres allant vers la mort.
    C'est un épisode de sa naissance confirmé par sa mère. Il est venu au monde sans vie, cyanosé. Sa mère s'est retenue d'accoucher car les sages-femmes n'étaient pas encore arrivées. L'enfant a été ranimé en étant plongé alternativement dans un seau d'eau froide et dans un seau d'eau chaude. Jo dit ensuite qu'il aime beaucoup les temps forts qui le mettent en vie. Il dit avoir toujours eu du mal à écrire à l'école à cause de la difficulté à s'appliquer qui faisaient remonter ses impatiences.

   Je sors de l'hôpital, la Mort me suit. Je me retourne et avec mon épée, je bousille la Mort. Et le sentiment d'ennui me gagne de nouveau.

 

imaginatio fantastica

  Je suis dans le jardin de mes parents. J'ai convoqué un homme pour savoir la vérité. Un moine avec tonsure apparaît. Il se transforme en méduse puis en araignée noire gigantesque. Je tente de tuer l'araignée avec mon épée. Sans succès. Entre les mandibules une bouche, orange à l'intérieur. Je refuse de me faire absorber puisque c'est l'ennui que je vais retrouver dedans. 
  Alors, je demande au phallus de faire quelque chose. Il se transforme en en champignon. Ca sent le champignon. Puis le champignon s'étirant jusqu'au ciel redevient phallus, puis un spermatozoïde qui perce un ovule. Je note et dessine la scène sur mon cahier. 
   L'ovule fécondé se scinde en deux. Deux yeux, un bec, puis une tige qui descend comme un flagelle de spermatozoïde. Tiens, ç'est une autruche ! Je dessine la collerette de plumes à la base du cou puis le corps. On dirait une fraise. C'est une fraise. ENVIE de fraise. INDUVIE. ATTENdu. Le DU MENT.
    Le symbole de l'autruche, c'est sa politique de ne pas vouloir voir la vérité. Donc c'est le mensonge. Mes envies sont indues(vie), donc pas conformes car elles sont motivées par la peur de l'ennui.
    Un sens se dégage enfin:  LE DU MENT !   L'INDU VIT ! 

    Jo est victime d'une empreinte inconsciente qui lui fait voir la relation en terme de devoir, donc de contrainte et d'ennui. Ce qui est un mensonge contraire à la vie.
    Il est invité à vivre ses relations sans  penser au devoir ni au redevoir. Et c'est le sens premier de l'indu (le non-du). 
    L'autre sens, c'est le non-conforme.
    L'indu (le non-conforme) est donc la seule attitude qui peut le sortir de l'ennui.
     
   Plus tard, Jo s'aperçoit qu'une forme revient de nombreuses fois. La cape moyenâgeuse de la Mort, de Lucrèce, du moine, la capuche pointue sur la tête, le phallus, le champignon ont une forme d' As de Pique. Une forme phallique comme pour compenser l'attitude de son père, homme cultivé mais absent, empêché lui-même, forcé dans son enfance à écrire de la main droite alors qu'il était gaucher. Comme Lucréce forcée d'épouser des hommes peu reluisants pour satisfaire le désir de puissance de son père. 
imagination active
    Je vois des moines en cercle autour d'un feu. La forme de pique, lancéolée multipliée et déployée autour d'un centre comme une rosace des cathédrales. L'as de pique, être fagotté comme l'as de pique, c'est à dire habillé de travers.  La rosace tourne et un calembour me vient à l'esprit.

Là-haut l'Ange rit 
L'orangerie
L'orange rit
ange
  Se sortir de l'ennui par une fantaisie, c'est une belle réponse, non ?
     
     La réponse n'est pas suffisante, Jo replonge dans une crispation du mental en s'adonnant à un dialogue avec son ange. Pourquoi, mon don de perception dans les rêves d'autrui, personne n'en veut ? Pourquoi je n'éprouve pas de sentiment pour les femmes que je rencontre alors que je crêve de  solitude ?
      Des réponses fugitives, incomplètes incitent Jo à renoncer à ce "dialogue avec l'ange" pour reprendre un dialogue avec les personnages de son rêve éveillé, ce qui lui semble plus proche de lui, plus simple aussi.

Jusqu'à présent, le dialogue avec les personnages intérieurs se fait à haute voix pour Jo. 
Les personnages ne parlent pas mais ils répondent par une attitude explicite.

    Tout est là dans le jardin de son enfance. Le phallus, le liseron, l'araignée géante. Une échelle se dessine et un petit sorcier monte et descend. Jo se souvient de la clé qui ouvre la porte de sa chambre d'hôtel ouvre aussi celle d'Emma (Emma était la compagne qui l'avait laissé avec un gros chagrin alors qu'ils travaillaient ensemble sur leurs rêves)La clé, il en est sûr, c'est ce qu'il sait faire, interpréter les rêves et accompagner autrui sur ce chemin. Et son problème est l'exercice de ce don. Comment inviter des personnes à le suivre sur ce chemin si transformant  et si accessible ?
    Le sorcier se saisit de la clé. Il ouvre une porte en plein milieu d'un mur et s'engage dans un souterrain. Jo s'engage à sa suite. Ils volent dans un réseau souterrain au dessus d'un sol jonché de pierres précieuses et de bijoux en or, un véritable trésor. Ils arrivent dans une immense salle recouverte d'or où trône enchassé dans la muraille, une immense idole en or, un genre de robot. Il se met aussitôt à pisser et disparaît. Jo se retrouve assis avec Emma ( Il menait avec elle une vraie aventure intérieure. Mais celle-ci l'a quitté par peur de se faire écraser par lui. Cette relation l'a profondément marqué parce qu'elle était porteuse d'une réalisation de soi en couple et qui lui a échappé.) à sa droite sur un trône en haut d'une série de marches en or.

     Un trésor et un temple souterrain dans lequel les fausses croyances tombent. Le couple Jo-Emma, exerce une autorité souterraine dans l'inconscient de Jo. L'emprise d'un désir de réalisation à deux.  Jo a le sentiment que sans Emma rien n'est possible. Ce sentiment-là influence sa vie de manière souterraine et règne en maître en lui voilant probablement une part de la réalité.
    
    L'imagination se poursuit. La porte dans la muraille est celle d'un coffre-fort. Le coffre-fort est ouvert et vide. Jo ressent sa propre solidité dans la vue de ce coffre-fort. Une série de coffres-forts vides et ouverts s'empilent jusqu'au ciel.

     Le ciel s'ouvre et un petit soleil apparait. On dirait un enfant. C'est le rayonnement de Jo encore immature.

Je n'ai pas envie de m'adresser à un gamin dans cette imagination active. Je le chasse à coups de balai. Il disparait et je me retrouve seul. Je m'excuse et lui demande de m'accompagner. Il accepte et revient à l'image. Je m'adresse à lui en le nommant : "Petit-soleil".

    Jo a quelques patients qui n'ont pas donné suite. Il souhaite les secouer un peu. Il ferme les yeux et voit Petit-soleil qui applaudit. Mais le soir, il est prêt à laisser tomber. Il se réveille le lendemain avec un rêve :
    Je suis avec de solides crampons  à glace au pieds et .montre à des personnes les types de crampons à utiliser suivant le type de promenade sur glace. Je montre comment escalader une cascade gelée en utilisant crampons et piolets. 
   La glace est l'humeur qui gèle toute entreprise en introduisant le doute et le rêve demande à Jo de continuer son action entrevue malgré son doute passager. 
   Petit-soleil m'emmène sur une colline et me montre un paysage flou en contrebas. J'y vais et me retrouve dans la cour d'une maison connue. Un homme à barbe blanche habite ici. C'est  un plouc de base. Puis apparait Victor Hugo avec la même barbe. Je me demande si on ne se moque pas de moi. Entre un plouc et un inaccessible personnage public, l'espace est vaste. un peu trop à mon goût.
    Je retourne voir Petit-soleil en haut de la colline. 
   Il souffle en direction du bas de la colline qui est flou et qui cache une maison. Rien n'y fait. Petit-soleil devient grand et commence à s'impatienter. Je ne veux plus y aller et pourtant il pointe son doigt dans la direction. Je ne veux pas y aller seul. Je lui prends la main et nous y allons.
     En bas, une maison entourée d'une haie de grands arbres au milieu de vastes labours. Je ressens le vide la tristesse et le froid de l'endroit. Nous pénétrons dans la maison. Elle est vide. Nous grimpons les escaliers et nous parvenons au grenier. Il est  garni de choses hétéroclites dont je n'ai que faire. Nous sortons et nous nous retrouvons dans un couloir du lycée où j'étais en 4eme . Je suis le professeur (et là je me sens bien) et je vois le jeune Jo dans la classe vers le fond. Je l'appelle et il vient au tableau.  Puis c'est Petit-soleil qui intervient en dessinant un grand soleil à la craie au tableau. Les enfants se mettent à danser en rythme et tout le monde se réjouit. On se trémousse comme dans le film Sister Act. 

    Jo aurait aimé être professeur. Les rares fois où il a enseigné, il s'est senti pousser des ailes. Mais, c'est du déjà vu et Petit-soleil ne lui apporte rien de nouveau.
   

Petit-soleil, par ses couleurs rouge et jaune, évoque l'orangé déjà rencontré avec l'ange qui rit de la cathédrale de Reims. Par ces symboles, une dynamique d'accomplissement spirituel basée sur le retrait des projections (primitivement projetées sur le père, Rouge, et la mère, Jaune) est en route.


    Petit-soleil me montre une statue de patriarche barbu assis (comme le Moïse de Michel-Ange du tombeau de Jules II) tenant contre son épaule droite un baton surmonté d'une croix chrétienne. Je n'ai qu'en faire du froid et figé de la statue. Alors, avec ses mains, il se met à évoquer les formes d'une femme qui prend corps. Une femme nue avec un tournesol à la place du visage. Je proteste car ne voyant pas le visage de cette femme, je ne peux percevoir son attitude. 
    Puis je suis assis à la place de la statue et une femme, une reine à côté de moi. elle n'a pas de visage.
    J'embrasse avec une tendresse réciproque une femme sans visage qui a une petite couronne sur la tête.

    Jo fait des liens avec sa vie. Dans une relation d'aide, il a l'autorité requise mais il n'arrive pas à discerner l'impact de sa parole. Il ne perçoit pas les émotions suscitées. C'est pour lui un handicap.

   Le visage de la reine apparait soudain. C'est celui de Lucrèce Borgia, la femme cultivée réduite à un instrument du pouvoir. Je ressens immédiatement l'ennui associé à la fonction royale de représentation. Lucrèce se transforme en personnage grotesque. Je me libère de tout ce falbala. Je sais que je me fige encore par moment, mais j'ai vraiment envie de donner ce que je sais et pour ce faire, j'ai besoin de retrouver le visage de mon âme, ma sensibilité.
     - Petit-soleil, emmène-moi à la recherche de ce visage, s'il te plait !

    Après plusieurs jours, la même scène apparait. Le savoir sans pouvoir et l'âme sans émotion. Ce n'est pas sans rapeller son embrassade avec la Mort à l'hôpital de sa naissance quand il a préfèré le froid et le sec plutôt que de ressentir les insupportables impatiences que provoquaient dans son corps, la vie qui s'en allait parce que sa mère le retenait de naître (pauvre petite mère qui avait peur de déranger les sages-femmes).
    Hier, Jo a fait deux rêves :
    J'attire des femmes par ma connaissance de la spiritualité. Elles s'en vont dès que je vois en elles le travail qu'elles ont à accomplir.
    Je suis avec Bevinda, une femme dont j'étais amoureux avant Emma. Je lui dis que je l'aime et que je ne veux pas partir, je veux rester avec elle.

    Voici donc la problématique de Jo exposée par le premier rêve et sa résolution dans le second. Il attire par son savoir et fait peur par sa façon d'être en relation. Il manque une certaine chaleur humaine qui rendrait supportable l'aventure intérieure pour ces femmes. 
   Le second rêve le montre sur le point de quitter une femme aimée (dans la réalité, Jo est bien parti, pour des raisons "raisonnables"). Il semble que le rêve indique à Jo qu'il ne porte pas assez attention à ses sentiments et que peut-être l'amour devrait passer avant le raisonnable confirmant ainsi ce qu'il avait découvert lors de son dessin de l'autruche.

LE DU MENT, L'INDU VIT.
     
  Jo a le sentiment qu'à chaque demande, Petit-soleil le balade tel Protée avec Ménélas en le faisant revisiter ce qu'il connait déjà. Il décide donc de procéder autrement et  lui propose un comportement, un acte à faire.
    Le sentiment, c'est avec Emma que je l'ai. Je n'en ai pas d'autre de cette intensité, mais celui-là est profond malgré son abscence. Depuis longtemps, j'interroge ma douleur sur ce qui s'est passé. Je sais à présent ce qui s'est joué malgré nous et je suis en mesure de présenter celà à Emma.
     Petit-soleil applaudit et se met à voler dans le ciel en faisant des huit. 

    L'inconscient par la figure de Petit-Soleil aquiesce à l'intention de Jo. L'imagination active qui s'enlisait devrait redémarrer après l'acte posé, une lettre à Emma.
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   Eh bien non, ça ne marche pas, elle s'enlise toujours.
    L'inconscient aquiesce à tout ce que propose Jo et désapprouve tout ce que Jo désapprouve. Il pense à une présence qui se moque de lui. Il dit :

    C'est bizarre, la plupart de mes rêves nocturnes m'ont toujours donné l'impression d'être accompagné. .Et j'ai posé des actes de foi qui ont transformé ma vie. Parce que je me sentais aimé à travers la pertinence de mes rêves, j'.ai osé sauter dans l'inconnu. 
     Dans le rêve éveillé aussi, j'avais des réponses pertinentes. Et puis là, à part la lourdeur de mon être, mon impuissance, mes empêchements à être que montrent les images de la statue de marbre, du roi sans peuple, de la reine sans visage, je ne me sens plus accompagné.

     Puis d'un coup, je pense à une facétie de l'ange...

   Et là tout s'éclaire. Je me vois dans le dérisoire de mon comportement à vouloir converser avec mes images mentales. Je vois un type borné qui s'acharne à extirper un savoir de son inconscient. L'ange m'a refourgué des "conneries". Il se marre, c'est un plaisantin. Il m'éduque à la légèreté, à la facétie et me tire de ma bétise comme s'il me disait : "Coco, c'est pas par là!" - C'est où alors ? Il ne répond pas. 
    C'est pas par là, c'est tout !

     C'était bref, mais je me suis senti aimé. Et j'ai envie de nouveau de cet amour-là !

    Il ne me reste que le souvenir de cet étrange et invisible amour, de ce sentiment de n'être plus seul. J'ai le sentiment d'être un bébé qui a de nouveau tout à apprendre et que je vais encore me planter bien des fois avant de pouvoir... Pouvoir quoi ? Je n'en sais rien du tout !
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    Petit soleil n'est plus présent dans l'imaginaire de Jo. L'ange est toujours là avec ses ailes encombrantes.

    J'éprouve toujours un poids, une résistance excessive, à faire ma vaisselle : un bol, une casserole, un couvert. Je demande  à l'ange comment alléger ce poids.
    Il prend ma casserole et la jette au loin. 
    Au loin ici ,c'est dans l'eau du port. Non, je ne peux pas jeter ma casserole dans le port. (Jo habite dans un bateau non loin du mien et nous travaillons ensemble).Je négocie et trouve une solution. C'est idiot mais ça a le don de me faire rire. Je suspends la casserole au bout d'une ficelle et la descend dans l'eau. Je ne suis pas sûr que les poissons veuillent faire le nettoyage à ma place. 
    A la remontée de la casserolle, la vaisselle se fait en riant de la bétise à laquelle je me suis livré. Le poids se transforme en légèreté sous l'effet d'une fantaisie. 

    Ici c'est un ange de la lourdeur avec ses ailes encombrantes. Il représente l'esprit de lourdeur d'un Jo qui souhaite alléger son poids (les ailes). 
    En  ayant l'idée de jeter sa casserole dans le port, même en ne se contentant de la laisser tremper dans l'eau, Jo se trompe de plan entre l'imaginaire ou le symbolique et le réel. C'était sa lourdeur qu'il convenait de jeter, pas la casserole. 

Il convient ici de prévenir le patient qui s'engage dans une imagination active. 
Quelque soit l'image mentale convoquée, il convient de ne pas céder à celle-ci sans discernement. 
    L'intuition qui se produit lors d'une négociation ou une confrontation avec les figures archétypiques de l'inconscient, c'est l'inspiration de l'ange dans les Dialogues avec l'Ange (et non pas une figure d'ange de l'imagerie inconsciente qui représente un esprit, une forme mentale ou modèle de comportement, qui nous habite). C'est ce que Jung appelle "La fonction transcendante" : une conjonction du conscient et de l'inconscient qui propose une attitude nouvelle.  

    Jo vient de recevoir une lettre de rupture d'un ami qu'il fréquente depuis des années. Un ami qui comme lui tente de faire croître sa vie intérieure. Celui-ci le remet en cause : "je ne veux pas être controlé, les rêves j'en fais ce que je veux!"  
    Jo vient d'être désavoué dans sa Tâche et se trouve un peu désemparé. Il  consulte donc ses images inconscientes.


 Deux anges s'acharnent à crever le cercueil de mon ami. Je les interromps et je les engueule. - Prenez vos trompettes et réveillez-le, c'est votre boulot non ?
     Les deux anges s'exécutent en vain, les trompettes sont bouchées, et je ressens en moi l'impuissance. Ca y est, je sais ce que c'est. C'est mon impuissance à me faire entendre. 
    Un lâcher-prise se fait en moi et les anges se remettent à tuer de nouveau mon ami dans son cercueil. J'abandonne la lutte et regarde se faire la chose. 
    Puis l'ange qui se trouve de mon côté perd ses deux yeux qui rebondissent sur le cercueil, sautent sur un chemin se réunissent en un seul oeil qui devient un ballon. Le ballon fait de carreaux noirs et blancs, rebondit jusqu'à sauter dans la mer. Là deux dauphins s'en saisissent et jouent à le mettre dans un panier de basket-ball. Là je ressens la joie du jeu et la légèreté m'envahit. Me voici joyeux et réconcilié, raffermi dans ma Tâche. 
     Cette scène demande a être interprétée si on veut que Jo fasse suffisamment de sens avec sa vie courante et son interrogation première qui se trouve énoncée au début de cet exemple d'imagination active.
    Voici les symboles :

L'ange, le cercueil, la trompette,  l'archange Michael terrassant le dragon : cela  évoque la 20eme  lame des arcanes majeurs du Tarot, le Jugement. Mais aussi le jugement dernier avec l'Archange Michaël qui tue le dragon avec sa lance.
    Le cercueil symbolise la mort et la résurrection. Sur ce sujet voici une parole de Lanza del Vasto à propos du feu qui illustre la résurrection :
Le feu, c'est la mort des choses mortes et leur retour à la lumière.

   Si l'on se réfère à l'élément du tableau du paragraphe Tarot de la rubrique Le symbolisme, on y trouve le discernement, le jugement sans affect, la compréhension d'une situation. Et bien entendu son corollaire négatif (carte renversée), la critique négative, le manque de jugement, et la culpabilité.
   Ici l'ange est à la fois l'esprit de vérité, puissant archétype qui soutien la recherche intérieure, et l'intuition de Jo qui cherche à réveiller son ami dans ce qu'il a de mort en lui, donc ce qu'il nie et le détruit, et la fonction "Jugement" de Jo, sa compréhension du monde intérieur qu'il cherche à mettre au service de son ami. 
    La trompette ne produit rien. Jo se force. Jo n'est pas compris, pas entendu par son ami. Il subit le poids de son inefficacité. C'est ce qu'un rêve lui montrait déjà il y a plusieurs années :

    Jo est au USA. Sur le balcon d'un motel, un camion est encastré. Jo entre dans le bar du motel et  dit à la serveuse : "J put the truck on my back" pour signifier qu'il ne peut sortir autrement qu'en le portant d'un coup sur le dos afin de le débloquer. La serveuse répond : "...back ground !". Les USA sont nécessaires parce que le sens qui doit surgir n'est compréhensible qu'en anglais. Entre my back (mon dos) et back ground  (arrière-plan) à propos du camion, donc du poids lourd, le rêve disait déjà à Jo de ne pas prendre le poids lourd sur son dos mais de le mettre en arrière-plan. 

    En lâchant prise sur sa volonté de convaincre, les anges reprennent leur boulot de crever le cercueil, de faire mourir l'ami de Jo. 

Les yeux, le ballon, le noir et blanc : Quand Jo voit l'image des yeux de l'ange qui jaillissent des orbites et s'unissent en un ballon, il ressent une certitude. Sa capacité de discernement est confirmée. Lui qui n'ose pas dire de peur de déplaire, ou s'il le dit, c'est en se forçant. Le noir et blanc, c'est la réunion des opposés qui étaient en conflit chez Jo : son besoin de dire ce qu'il voit et la peur d'être mal reçu en le disant. Cette unité dans la faculté de voir, en bondissant échappe à tout contrôle de la part de Jo. La Tâche échappe forcément à tout contrôle puisqu'elle est accomplissement et que le contrôle l'anéantit.

La mer, les dauphins, le jeu de basket-ball : le ballon, la tâche, flotte sur l'inconscient et devient jeu. Le dauphin est un symbole d'allègement de l'âme, de jeu. Il est guide et sauveur sur les eaux de l'inconscient. Le jeu de balle au panier signifie que la vie est un jeu. La Tâche qui repose sur la mer de l'insconcient est élevée dans les airs de la conscience et retombe pour mieux jouer ensuite. Non pas la perfection mais l'imperfection heureuse avec laquelle jouer. 



Situation de Jo deux mois après le début de son imagination active

     Le don de discernement, sa capacité à faire des liens, de voir ce qui est inconsciemment mensonger dans les paroles dites ou écrites a toujours été pour Jo une difficulté plutôt qu'un atout. Pris en étau entre la peur d'être blessé et par l'envie d'être entendu, il avait fini par renoncer en attendant... un hypothétique secours du ciel. C'est à la suite d'une crise d'arthrose particulièrement déprimante et d'une synchronicité (rencontre avec Mme Tache, rhumatologue) qu'il décida de s'atteler sérieusement à sa Tâche.
     Il entreprit ensuite une imagination active, exposée ici. Il se trouve à présent confirmé dans son don et sa Tâche. Le poids, le froid, la rigidité qui le fait souffrir sont causés par son désir d'être entendu ou compris. Or, ce n'est pas à lui d'être compris mais de comprendre et de proposer le résultat de cette compréhension au monde. Il est à présent bien plus sûr de lui et prêt à affronter des résistances sans en être affecté en retour.
     Pour avoir une action plus appropriée, il aura besoin de recourir aux qualités de présence, de confiance et de ressenti de la Papesse (fonction sentiment), l'arcane complèmentaire à 22 de celle du Jugement, (fonction pensée). Ca viendra petit à petit dans l'exercice de sa Tâche.

      Jo reprends son imagination active.
    Je vois l'arcane du Tarot, "Le jugement". L'ange avec sa trompette fait des huits. - L'ange du jugement réveille les morts, toi réveille les vivants !
    Je ne peux pas rompre, je suis écrasé.
    Puis je vois l'arcane de la Force avec le huit de son chapeau que l'ange du Jugement me dessinait. La lemniscate qui signifie le dépassement de mes résistances, de mon écrasement qui depuis longtemps m'accable par des douleurs de dos, et l'ouverture vers l'infini.
 
    
Cette lame renferme un paradoxe. Nous voyons une femme qui maintient ouverte et avec aisance la gueule de ce qui semble être un lion sans avoir recours à la force. Il se joue ici une dialectique de La Force qui s’éprouve en celle-ci pour la mieux dépasser. 
   Cette femme, sûre de ses moyens, s’oriente vers la gauche, c’est-à-dire le psychisme, l’intuition, la féminité, etc. Ainsi, La Force affirme le dépassement des résistances par la puissance des énergies supérieures, c’est-à-dire que le stade traumatique est, non pas écarté, occulté, mais intégré et dépassé.

   La Force nous enseigne à ne pas contourner, condamner d’emblée ce qui fait entrave à notre route mais à faire corps avec afin d’en analyser les mécanismes et comprendre le pourquoi de leur manifestation.
(Source : www.fabrice-pascaud.fr)
    Je suis dans le jardin chez mes parents. Un géant colossal sort de terre et croît jusqu'au ciel. Des blocs de pierre tombent du ciel et se brisent sur son crâne sans interrompre sa croissance jusqu'à l'infini.
    Là je ressens la puissance de celui qui ne craint pas de recevoir des blocs sur la tête, qui se moque des résistances.
    Puis, le géant prend un rocher et écrase tout autour de lui. Il aperçoit une minuscule femme gracile. Il s'abaisse et la prend dans la main. Il la monte à son visage, l'observe et reconnaît Emma. Elle lui pince le nez en lui secouant la tête. Il rit.
    Je ressens un immense bonheur à la vue de cette scène et un immense plaisir d'être mené par Emma. Ensemble nous rions
     Emma est sur la tête du géant. Elle le conduit comme un cornac un éléphant. Ils prennent beaucoup de plaisir tous les deux. Je suis Emma conduisant le géant.

     Emma avait quitté Jo parce qu'elle estimait avoir été écrasée par lui. Il en a conçu un immense chagrin qui l'affecte encore aujourd'hui. 
   Cependant, la figure d'Emma n'est pas Emma. Et c'est difficle pour Jo de se dégager de la forte émotion amoureuse qu'elle provoque en lui. Le géant détruit tout sauf Emma. Le sentiment amoureux nostalgique est colossal et détruit tout ce qui n'est pas ce sentiment-là. Il n'a pas été compris par cette femme. Ici se rejoue son complexe maternel, son besoin vital d'être compris par sa mère qui paniquée à l'idée de perdre son autorité devant ce petit garçon qui veut comprendre ce qu'on attend de lui pour obéir. 
   Curieusement, la Tâche d'Emma se révèle aussi ici : conduire le géant au lieu de se laisser écraser par lui. C'est à dire de le considérer comme un gros benêt sentimental et lui mettre les points sur les "i" au lieu d'attendre de lui qu'il fasse attention à elle pour s'éviter d'avoir à lui formuler elle-même son désir.
    Emma, libellule, cornaque un éléphant bondissant. Ca lui plait un moment puis ça devient excessif. Elle se sent trop secouée. Elle descend de l'éléphant et lui souffle dans la trompe. Il se calme. Elle se met la trompe à l'oreille pour tenter de perçevoir une réponse qui ne vient pas. Elle rit de sa facétie en faisant le clown. 
    Cette scène me calme et me ravit. J'ai le coeur joyeux. Je me souviens : les facéties d'Emma avaient toujours le don de soulager les tensions en moi. Je me pose la question: est-ce mon anima qui me détend ainsi ? Mais quid de la vrai Emma ? Et mon rêve qui dit qu'Emma va revenir, c'est Emma ou mon anima  qui va revenir ?  Moi, je veux bien que mon anima revienne en moi avec les qualités d'Emma, mais je préfèrerais voir revenir Emma en personne. En retour de son amusante légèreté, je serais présent pour lui donner le poids dont elle a besoin pour décider dans sa vie.

     La figure d'Emma représente l'attachement de Jo à ce qu'il a vécu avec Emma et à ce qui aurait pu être si elle avait compris. Jo n'a pas été compris par la femme qu'il aimait. S'est rejoué ici le schéma initial : Jo incompris par sa mère qu'il aimait. Ce sentiment puissant le mène par le bout du nez. Il n'a pas été compris d'Emma, et s'acharne encore à tenter de se faire comprendre.
    La problématique de Jo se révèle là avec beaucoup de puissance. Le besoin d'être compris et de comprendre. Donner la compréhension, c'est sa tâche. Oui mais jusqu'où peut-il l'exercer, quand l'autre refuse délibérément de comprendre ?  

     


Situation de Jo un an et demi plus tard

   
    Jo a interrompu son imagination active sous cette forme mais pas sa recherche intérieure. Il sait que sa tâche est de mener d'autres personnes à leur propre tâche et il s'y adonne.
    Si ses connaissances étaient acquises et sûres, sa capacité d'emmener autrui l'était moins. Il avait peur d'être intrusif en révèlant des comportements inadéquats (image du géant ou King-Kong dont le moindre mouvement risque d'écraser l'autre et de ruiner la relation). Une peur qui le renvoyait à son enfance empêchée de comprendre. Chercher à comprendre, c'était désobéir à l'amour maternel.
    Ce qui fait que Jo se trouvait dans un domaine d'inconnaissance, qui se traduisait par un trouble émotionel, quand la relation à autrui demandait une compréhension.

     Une étude plus poussée montre que les impatiences de Jo sont liées à une carence en dopamine lors du stress respiratoire qu'il a subi lors de la retenue de donner naissance de sa mère. Cependant, les impatiences de Jo reviennent quand celui-ci s'impose insconciemment de se retenir de naître pour conserver l'amour et l'attention de sa mère. 
      En fait, pour ne pas déranger, Jo avait pris sur lui de ne rien faire quitte a en mourir.C'est ainsi qu'il à la facheuse manie de se contraindre à l'immobilité avec de surcroit, l'interdiction de chercher à comprendre. Obéir, obéïr, un point c'est tout !
        Jo a eu la réponse de son Ciel intérieur qui lui rapelle son passé et ouvre son futur :

Le du ment (toutes choses faites par devoir et contraintes)

l'indu vit (toutes choses faites gratuitement et inopinément).


    Un talisman bien pratique pour passer de la souffrance à la joie, de la contrainte à la liberté. 
   



Analyse des difficultés de discernement rencontrées


    La difficulté rencontrée dans cette imagination active a été de situer convenablement les deux figures d'anima de Jo en évaluant leur présence sur le plan du sujet et-ou de l'objet.

   Pour Lucrèce Borgia, il n'y avait pas de problème. N'étant pas une personne connue de Jo, c'était donc le plan du sujet qui prévalait.
    Lucrèce Borgia est une femme cultivée du "quattro-cento" mécène des artistes à Ferrare mais soumise, manipulée, réduite à un instrument de pouvoir entre les mains de son père et de son frère. Elle montre en grand la problématique de Jo qui est lui aussi un homme de savoir mais qui souffre comme Lucrèce, d'un écrasement par un pouvoir indu. Une figure d'anima cultivée, empêchée, héritée de son père empêché lui aussi.
      
    Pour la figure d'Emma, c'était bien plus difficile. Emma existe bien. Elle a été la compagne de Jo. Puis, elle l'a quitté sans qu'il ait pu obtenir d'elle une réponse convaincante à ce sujet. 
   Sur le plan de l'objet, Emma est bien Emma. Ce qu'il perçoit d'elle en rêve est bien celle-ci avec ses capacités propres et qu'elle ne voyait pas. C'est la révélation qu'il a fait à Emma de ces capacités, de sa tâche, qui a provoqué la rupture. Le sentiment d'écrasement qu'Emma ressentait face à Jo qui voyait juste est bien réel.Cependant l'image d'Emma cornaquant l'éléphant montre la tâche d'Emma qui peut retourner son sentiment d'écrasement en conduisant ce qui l'écrase par sa nature frèle et légère. Si cela appartient à Emma de façon sure, ça pourrait bien appartenir à Jo aussi.
     L'interprétation sur le plan de l'objet renforce Jo dans son aptitude à savoir, mais ce savoir est  inopérant puisqu'il n'est pas du pouvoir de Jo de convaincre Emma. Jo, impuissant à transmettre ce qu'il sait écrase la personne à qui il veut transmettre. Syndrome de King-kong.
     Sur le plan du sujet, Emma incarne la légèreté et la facétie. C'est sur elle que Jo projète son anima. Sur elle se trouve transféré son propre besoin de légèreté et de facétie. Il est montré à Jo comment dépasser sa problématique de géant empèché:  en se moquant avec tendresse de ce géant un peu bébête.

      Les opposés qui agitent Jo sont d'une part la peur de perdre une relation en étant trop intrusif ou contraignant, d'autre part le sentiment d'ennui s'il renonce à entrer dans l'intimité des personnes pour leur apporter une compréhension de leur problématique.
     La figure animique d'Emma apporte elle-même le troisième terme qui concilie ces opposés. Cette anima fine, intelligente et légère lui montre comment se réconcilier avec ce type un peu lourdaud qui l'amènera à se conduire sans écraser qui que ce soit, y compris lui-même. Ce qui veux dire que ses craintes d'être trop intrusif et contraignant n'auront plus lieu d'être si il parvient à s'aimer ainsi.

    C'est donc sur le plan du sujet qu'il convenait de placer la figure d'Emma. Emma est une âme en lui encore souterraine et qui doit devenir sa compagne intérieure, seulement sa compagne intérieure. Elle a pour rôle de lui conférer la légèreté et la facétie qui lui manque.
   
    Toute la difficulté de cette imagination active a été de dégager les différentes facettes de la figure animique d'Emma de l'émotion qu'elle provoquait chez Jo en lui faisant miroiter une réalisation future trop "magique" alimentée par son envie de vivre avec une compagne en un couple dans lequel ils seraient complices dans leur tâche



Les bénéfices de cette imagination active pour Jo

     L'affirmation de sa tâche aux yeux du monde a cessé d'être source d'émotion. Il supporte dorénavant l'incompréhension sans en être affecté.  Le rêve qu'il avait d'une réalisation de couple dans la tâche a disparu. L'énergie libérée est désormais disponible pour sa tâche d'accompagnant. Elle s'emploie à présent dans le rappel au travail intérieur que ses accompagnés parfois délaissent, rechignant devant l'effort à fournir.
     Si son côté savoir est consolidé, son côté pouvoir l'est beaucoup moins. Il reste à Jo de voir là où dans sa vie, il se soumet indument et inconsciemment aux conditions externes, puis de les retourner en un exercice d'estime de soi. 
    C'est par le biais de cet exercice qu'il va récupérer le pouvoir auquel il a renoncé en naissant pour s'adapter au monde de ses parents. 

    Cette imagination active montre d'une manière pratique la transformation du mal en bien. Il ne s'agit pas du mal comme concept, mais du mal souffert en soi selon sa propre personnalité et qu'on cherche à dissimuler quand on ne le projette pas sur un ou des "boucs émissaires" tant il a fait souffrir l'enfant que l'on était et continue de faire souffrir en sous-main. La blessure, ravivée à chaque cessation de joie séculière, cache un trésor d'accomplissement. C'est ce trésor qu'il s'agit de porter au jour.



CAR IL N’Y A PAS DE MAL,

IL N’Y A QUE LA TACHE QUI N’EST PAS RECONNUE. 
Son non-accomplissemnt te détruit.
C’est en cela que le mal est le berceau de la Joie. 
En vain vous fuyez le mal !
Il n’y a pas de mal – éternelle question de l’homme – et personne ne le sait.
 
Je vous le déclare :
LE MAL EST LE BIEN EN FORMATION, MAIS PAS ENCORE PRET.

(Dialogues avec l'Ange)

Situation de Jo deux ans et demi après le début de son imagination active.



     Jo ne fait plus de rêve éveillé de manière assidue, ni d'imagination active. Cependant, il lui arrive de fermer les yeux et de voir défiler des images. L'image la plus marquante a été celle d'un personnage masculin barbu et vétu d'une toge qui lui montre le ciel et qui s'envole devant lui en l'emmenant à sa suite. Le rapprochement avec la fresque de la chapelle Sixtine, ci-contre est approximatif. Le personnage barbu était plus jeune et drapé comme un sage grec, son visage était très proche de celui de la statue du philosophe grec Anaxagore dans l'image ci-dessous.
     Il transpirait la sagesse et une autorité ferme et bienveillante.
  Ce personnage bien vivant dans le rêve montre l'évolution de l'attitude de Jo. Son sentiment d'impuissance (le figé et le froid d'une statue) au début de cette imagination, symbolisé par la statue de patriarche rencontrée précédement et représentée par le Moise de Michel-Ange, a disparu. Ses capacités d'incarner une autorité masculine déterminée sûre et bienveillante est désormais disponible en lui.
     Durant ces deux ans et demi, Jo a affiné sa Tâche. Il a acquis une assurance naturelle dans l'exercice de celle-ci.  Depuis, des personnes sont venues à lui pour un accompagnement personnalisé. Il se livre maintenant à un exercice plus ancré dans la vie ordinaire, l'attention double, un travail intérieur au quotidien. Il témoigne de ce travail dans la rubrique "Le quotidien comme exercice".(voir ici...)